Support Santé XX les ravages de la grippe

Couté Désiré Maria :
Il est né à Dordives , dans le canton de Ferrière, Son père est cultivateur à Pannes
 Au moment de son conseil de révision, Il est lui même domicilié à Pannes au bourg et exerce le même métier que son père. Il mesure 1.69 et a les yeux vert.

il va faire son service militaire dans le 1er régiment de Dragons à Joigny. Il est incorporé le 16 Novembre 1900.

Nommé brigadier le 1 octobre 1901.
 Il est renvoyé dans ses foyers le 16 septembre 1903, nanti de son certificat de bonne conduite.
 En 1904 le 27 juin il se marie avec Héloise Bernard, il a 25 ans et elle 19 ans.
En 1913 il est versé dans le Train des Équipages au 5 éme Escadron.
A la mobilisation, il rejoint le corps le 6 août 1914. Il a 35 ans. il rejoint Fontainebleau où le 5é ETEM se regroupe et prépare:
« C'est alors que vers les troisième et quatrième jours les réservistes commencent à arriver. Ils débarquent en masse, conduits en détachements vers les compagnies où ils sont affectés. Celles-ci, depuis le 2 août, ont quitté le quartier Lariboisière et cantonnent un peu partout dans Fontainebleau, utilisant pour les officiers, les hommes, les bureaux, les chevaux et les voitures tous les emplacements et tous les espaces disponibles. Le carrousel, le manège Senarmont, le Bas-Bréau, les sous-bois de la forêt donnent asile à ces compagnies qui se forment jour par jour.  » 

Le Train des Équipages est l'arme des transports, ces transports peuvent se grouper en deux catégories :
 1° Transports de denrées de ravitaillement et de matériels divers .
 2° Transports de blessés. — Compagnies divisionnaires.
 Il va faire toute la guerre dans cette unité. Je n'ai à cette heure aucune information sur son affectation en compagnie. Il va suivre les tribulations du 5e corps d'armée tout au long de cette guerre.

« La préparation des grandes offensives, comme la mise en œuvre des moyens défensifs a eu pour conséquence l'emploi des CVAD à toutes sortes de transports. Verdun, la Somme, la Champagne et l'Aisne sont des batailles où nos convois ont été soumis à une rude épreuve. Verdun et la Somme sans doute, sont parmi ces dernières celles où les formations du train, bien que constituées à cette époque d'hommes de vieilles classes, pour la plupart pères de familles nombreuses, ont donné tout ce qu'elles ont pu »ⁱ .Historique du 5 etem

Il est nommé Maréchal des logis le 18 avril 1917 par le directeur du génie de la 3e armée.

1918 :De septembre à octobre, le 5 corps s'appuyant sur la Vesle pousse sur la ligne Hindenburg et du 30 septembre au 4 octobre a lieu la bataille de St Thierry qui va contraindre les allemands à vider la poche de Reims et ses forts.

Il est difficile de localiser exactement, ou se trouve Désiré a cette époque, les mission du train sont variées dans la forme et étendue dans l'espace.

En dépouillant les jmo des compagnies du 5 ETEM qui combattent en France, on peut placer les divers cantonnement , 3 en particuliers, la 23 e, la 8e,la 17 e.
La 23 compagnie et ses différentes sections apparaissent en bleu. La croix rouge au Nord Est de Reims indique la direction du service de santé du 5eme Corps d'armée, l'autre situe à Connantre l’hôpital d'origine des étapes n°33 qui se trouve accolé à la gare régulatrice.

Depuis le mois d'avril 1918, la grippe se répand dans le pays, l’épidémie frappe aussi l'armée, la contagion est d'autant plus facile que il y a déplacement, et concentration des individus.

3 vagues se succèdent en avril à juin, puis septembre octobre, la plus meurtrière, la dernière de fin novembre au printemps 1919, le nombre d’hospitalisés passe à 24 282 en septembre (2 124 décès), 75 519 en octobre (6 017 décès)ⁱ. La France va déplorer plus de 22000 morts aux armées.

A la 18 eme compagnie , qui elle se trouve prés de saint Mihiel (Sampigny) dans le JMO 26n 1331/12 le 27 septembre , on peut lire :

« L'épidémie de grippe sévit dans la compagnie , on déplore la mort de de deux conducteurs »

Le Jmo du directeur de santé de la 10 division fait état en page 31 de statistiques d'évacuésⁱ

En septembre la division à évacué 507 soldats dont 59 blessés seulement, tout le reste ce sont des malades ,soit 88 % des évacués

Le médecin divisionnaire fait ensuite la part des déclarés contagieux :

Dysenterie :               2

Embarras gastrique : 11

Diarrhée :                  37

Grippe :                     96

Rougeole :                 1

Oreillons :                 3

Paludisme :               4

Spirochétose:             1

Angine diphtérique : 1

Les 2/3 des contagieux sont atteints de la grippe en ce mois de septembre pour les unités qui sont sous la responsabilité de ce médecin divisionnaire.

 Sur ce graphique provenant de l'étude du dr Delater en 1921 on voit parfaitement le pic de mortalité en septembre octobre 1918 qui atteint prés de 6000 cas, aussi bien sur le front que dans l'intérieur soit 1 % des effectifs.
Désiré a du contracter la maladie vers la fin de septembre compte tenu de la durée d'incubation, La forme la plus grave donnant des complications broncho pulmonaire, le décès pouvant survenir en 48 h.
Sans doute devait il être évacué vers les hôpitaux de l'intérieur, la gare régulatrice de Connantre dirigeait ses malades vers Lyon et sa région.
 Il décède le 4 octobre 1918 à l'age de 39 ans de la grippe.